perturbateurs endocriniens dans les produits pour bébé

Perturbateurs endocriniens dans les produits pour bébé : le guide complet

Écrit par : Marie Mourot

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Temps de lecture 8 min

Les perturbateurs endocriniens dans les produits pour bébé sont devenus un vrai sujet de préoccupation. Leur nom fait un peu peur et c'est ben normal car ils peuvent agir sur le système hormonal, même à de très faibles doses. S'il est impossible de les éliminer totalement de nos vies, on peut, en revanche, réduire considérablement l'exposition de bébé grâce à des gestes simples et éclairés. Découvrez dans notre guide tout ce qu'il faut savoir pour protéger votre enfant au quotidien, sans tomber dans l'obsession ni la culpabilité.

Comprendre les pertubateurs endocriniens dans les produits pour bébé

Comment agissent les perturbateurs endocriniens sur l'organisme ?

Un perturbateur endocrinien est une substance qui interfère avec le fonctionnement des hormones. Ces hormones régulent des fonctions essentielles : croissance, reproduction, métabolisme, sommeil, humeur… Quand ce système est perturbé, même légèrement, cela peut avoir des conséquences sur la santé, surtout dans les périodes sensibles de développement. En effet, chez les bébés et les jeunes enfants (mais aussi chez la femme enceinte), l'impact est encore plus important car leur organisme est en pleine construction. Leurs défenses naturelles sont immatures, leur métabolisme est plus rapide et leur peau plus fine absorbe davantage de substances. Une raison de plus pour être vigilants !

On retrouve ces substances :

  • dans certains plastiques (BPA, phtalates).

  • dans des cosmétiques ou produits d'hygiène (parabènes, triclosan).

  • dans les pesticides ou résidus agricoles.

  • dans les retardateurs de flamme présents dans les mousses ou textiles.

  • dans les revêtements anti-adhésifs ou anti-taches.

  • et même dans des composés naturels parfois (soja riche en phyto-œstrogènes par exemple, certaines huiles essentielles...).

Leur particularité ? Ils peuvent agir à très faible dose et se combiner entre eux : c'est ce qu'on appelle l'effet cocktail.

la marque en moins, l'info en plus  : pour mieux comprendre les perturbateurs endocriniens, rendez-vous sur le site de l'ANSES ainsi que sur le site de Santé Publique France. N'hésitez pas aussi à regarder l'interview de Corinne Lalo, journaliste, à la Maison des maternelles.

Pourquoi les bébés sont-ils particulièrement vulnérables ?

Pendant la grossesse et jusqu’aux 2 ans de l'enfant, ce qu'on appelle les 1000 premiers jours, l'organisme est en pleine construction : cerveau, système immunitaire, organes reproducteurs, métabolisme… Tout est en cours de programmation. Une exposition même faible à des perturbateurs endocriniens peut influencer ce développement.

Les études montrent des liens possibles avec :

  • une puberté précoce

  • des anomalies du développement fœtal (prématurité, petit poids de naissance)

  • une baisse de la qualité du sperme chez les garçons plus tard

  • une augmentation de risques d'obésité, de diabète

  • ou encore certains cancers hormonodépendants.

Cela ne signifie pas qu'un contact isolé entraînera ces conséquences. Mais la logique de précaution est simple : moins bébé est exposé, mieux c'est pour sa santé.

Où se cachent les perturbateurs endocriniens dans les produits pour bébé ?

Les sources d'exposition aux perturbateurs endocriniens sont multiples et parfois totalement insoupçonnées. 

Dans les produits d'hygiène et cosmétiques

Lingettes parfumées, gels lavants, crèmes hydratantes aux listes d'ingrédients interminables… beaucoup de produits contiennent des agents soupçonnés d'être des perturbateurs endocriniens.

Dans les couches pour bébé

Une enquête réalisé en 2019 a mis en évidence des traces de substances indésirables dans certaines couches. On pouvait retrouver notamment, dans certaines références, des traces de formaldéhyde, HAP, dioxines, furanes...  Même si les doses sont faibles et si la DGCCRF a confirmé en 2021 l'amélioration des produits, il est nécessaire de toujours vérifier la composition des couches que vous achetez. Choisissez des couches sans chlore, sans parfum et fabriquées à partir de matières d'origine naturelles. 

Dans les jouets et les textiles

Certains jouets en plastique ou textiles traités contiennent des retardateurs de flamme, des colorants ou des composés perfluorés. Les jouets parfumés peuvent également émettre des substances à éviter.

Dans l'alimentation et les contenants en plastique

Si le BPA est désormais interdit dans les biberons et contenants alimentaires en France, d'autres plastiques peuvent encore libérer des résidus surtout lorsqu'ils sont chauffés. Les contenants en verre ou en inox sont donc à privilégier au maximum. 

la marque en moins, l'info en plus  : il est important de savoir aussi que les produits parfumés (bougies, sprays d'ambiance, désodorisants, encens...), les peintures, les produits ménagers ou les meubles récents peuvent également dégager des composés volatils. L'air de nos intérieurs est donc souvent beaucoup plus pollué que l'air extérieur.

Comment limiter l'exposition de bébé aux perturbateurs endocriniens ?

La bonne nouvelle, c'est qu'il est possible de réduire l'exposition de bébé aux perturbateurs endocriniens grâce à de bons réflexes au quotidien. 

Lors du change et de la toilette de bébé

  • Préférez l'eau et un savon doux aux lingettes parfumées ou privilégiez des lingettes à l'eau, sans parfum.
  • Limitez les bains à 2 ou 3 par semaine car la peau de bébé n'a pas besoin d'être lavée trop souvent.
  • Choisissez des produits sans parfum, sans colorants et sans conservateurs.
  • Privilégiez des couches écologiques, sans substances controversées ou des couches lavables.

Produits d'hygiène et cosmétiques à surveiller

  • Bannissez les cosmétiques contenant des parabènes, phtalates, triclosan, phénoxyéthanol ou MIT.
  • Limitez le nombre de produits que vous utilisez sur la peau de votre bébé : un gel lavant (bio et sans parfum) du liniment et éventuellement une huile végétale pour hydrater sa peau si besoin et une crème pour le change en cas d'érythème fessier.
  • Évitez les parfums, même ceux "spécial bébé".
  • Attention aussi aux crèmes solaires pour bébé qui peuvent contenir des substances controversées. Evitez les filtres chimiques à risque et privilégiez les filtres organiques nouvelle génération ou les minéraux non nano. 
  • Côté parents, prudence aussi au maquillage ou aux colorations pour cheveux : ils peuvent contenir des perturbateurs endocriniens transférables par contact.

la marque en moins, le conseil en plus : pour mieux comprendre la composition des produits que vous utilisez, n'hésitez pas à vous servir de Yuka et INCI Beauty, des applis super utiles au quotidien. Et privilégiez des produits avec des listes d'ingrédients très courtes.

Dans l'alimentation de bébé

  • N'utilisez pas de contenants plastiques pour chauffer les repas : préférez le verre, l'inox ou la céramique.
  • Lavez soigneusement les fruits et légumes, épluchez si nécessaire ou trempez-les pendant 15 minutes avec de l'eau et du bicarbonate de soude (une étude publiée en 2017 aux Etats-Unis a montré que cette technique permettait de réduire de 80 à 96% le niveau de pesticides contre 20 à 60 % de réduction uniquement avec de l'eau clair.)
  • Réduisez la consommation de gros poissons, souvent chargés en métaux lourds/polluants (comme le Mercure par exemple) et privilégiez plutôt les petits poissons (sardines, maquereau, hareng...). Pensez aussi à regarder comment a été pêché le poisson que vous achetez : privilégiez la pêche à la ligne plutôt qu'au chalut et optez pour des poissons locaux et de saison.
  • Limitez les produits ultra-transformés qui contiennent des additifs, des colorants et des conservateurs.

À la maison et dans l'environnement de bébé

  • Évitez les travaux (peinture, colle, revêtements PVC) pendant la grossesse ou les premiers mois de bébé.
  • Aérez la maison au moins 10 minutes par jour, matin et soir, même en hiver.
  • Passez l'aspirateur régulièrement (idéalement avec un filtre HEPA) pour réduire les poussières.
  • Limitez les désodorisants et produits ménagers chimiques. Le vinaigre blanc, le savon noir ou le bicarbonate font parfaitement l'affaire.
  • Utilisez une lessive hypoallergénique, sans parfum et évitez les assouplissants.
  • Si possible, attendez quelques mois avant d'acheter une voiture neuve car elle va dégager beaucoup de composés chimiques la première année.

la marque en moins, l'info en plus  : afin de repenser en douceur vos habitudes à la maison, découvrez, dans notre livre Naturellement clean, toutes nos astuces pour remplacer les produits chimiques nocifs. 

Dans la chambre et les affaires de bébé

  • Évitez les insecticides ou sprays antiparasitaires pour protéger bébé des moustiques et optez plutôt pour une moustiquaire.
  • Privilégiez les textiles naturels bio (coton, lin, laine, bambou) et non traités.
  • Lavez systématiquement les vêtements neufs avant de les mettre à bébé ainsi que ses draps et ses doudous.
  • Faites de même avec les jouets lavables et laissez les jouets neufs s'aérer avant utilisation.
  • Choisissez des meubles et jouets en bois brut certifiés CE, idéalement made in France. Et pour comprendre l'impact des perturbateurs endocriniens dans l'ameublement, n'hésitez pas à visionner la vidéo de la Croix-Rouge. 

Quels labels privilégier pour limiter les perturbateurs endocriniens ?

Pour mieux choisir vos produits, certains labels sont de bons alliés au quotidien :

  • COSMOS Organic ou Nature & Progrès pour les cosmétiques.
  • Écolabel européen et Ecocert pour les produits ménagers.
  • Oeko-Tex et GOTS pour les textiles.
  • FSC ou mention TCF (Total Chlorine Free) pour les produits à base de cellulose (comme les couches).

Ces labels ne sont pas une garantie absolue mais ils permettent déjà d'éviter bon nombre de substances indésirables.

Perturbateurs endocriniens et produits pour bébé : les 3 réflexes à avoir au quotidien

Lire les étiquettes

Il n'est pas nécessaire de devenir un expert en chimie lors de chacun de vos achats. En revanche, repérer certaines substances à éviter absolument (parabènes, phénoxyéthanol, phtalates, bisphénols) est déjà un bon réflexe.

Miser sur le moins mais mieux

Essayez de limiter autant que possible le nombre de produits que vous utilisez sur la peau de bébé. Il n'a pas besoin de grand chose si sa peau va bien : un savon doux, du liniment et c'est tout ! Assurez-vous que leur composition soit exempte de substances néfastes à la santé de bébé. 

Préserver bébé sans culpabiliser

Il est impossible de tout contrôler. L'important, c'est de diminuer l'exposition là où elle est la plus forte et d'adopter des habitudes plus saines, sans stress inutile.

Car soyons honnêtes : atteindre le zéro absolu est impossible. Les perturbateurs endocriniens sont partout, dans l'air, l'eau, certains aliments… L'objectif réaliste est donc de réduire significativement l'exposition grâce à de petites décisions quotidiennes.

Un pas après l’autre, en restant bienveillant envers soi-même. Inutile de tout transformer du jour au lendemain : chaque geste compte et bébé profite déjà de cette vigilance.

Ainsi, limiter les perturbateurs endocriniens dans les produits pour bébé, c'est possible, sans bouleverser toute votre vie. En choisissant des cosmétiques plus simples, en aérant votre intérieur, en préférant le verre au plastique, en lavant les textiles neufs, vous réduirez efficacement l'exposition de votre enfant. Pas besoin de viser la perfection : ce sont ces petits pas réguliers qui font la différence.


Femme souriante

Marie Mourot

Rédactrice web depuis une dizaine d'années, Marie est la fondatrice de Kid Grenadine. Elle met ses compétences au service de projets engagés et bienveillants autour de l'enfant. À travers son expérience de rédactrice et de maman de 3 garçons, elle a développé une expertise approfondie sur l'univers de l’enfant, nourrie par ses découvertes et ses collaborations avec de nombreux professionnels de la Petite Enfance. Curieuse et passionnée, elle ne cesse d’explorer, de questionner et d'affiner ses connaissances pour proposer un contenu juste, nuancé et bienveillant. Son objectif ? Offrir aux parents des informations éclairées qui leur permettent de poser un regard plus serein et confiant sur leur parentalité.


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